OU oser la peinture avec des petits (dans ton salon, sans trembler)
Je l’avoue, la perspective de transformer mon coquet salon en atelier d’artiste ne m’a jamais vraiment fait pousser de puissants cris de joie.
Mais en même temps, comme je suis un peu klet en peinture, et que j’ai un peu peur que ma créativité picturale, manuelle et pateàmodeleresque mal développées ne freinent la créativité naissante de mes enfants, j’essaye de prendre sur moi et de laisser faire…
Il y a pas si longtemps, j’ai suivi une conférence sur la créativité des enfants organisée par Parents-thèses, avec Maman Guerrière Gymnaste-mais-Fashionista.
Une conférence de Sylvie Evrard, qui anime des ateliers du jeu de peindre. Elle, la peinture, ça lui fait pas peur du tout. Mieux, elle en fait son métier, et accueille tout le monde, de 3 à 103 ans, pour laisser libre court à sa créativité picturale.
Elle a été formée par Arno Stern, qui, pour faire très court, a étudié l’acte de peindre chez les enfants. Dès les années 50, il a observé des enfants peindre dans le monde entier, et a ensuite ouvert des ateliers basés sur l’expression libre spontanée. L’idée est de retrouver le geste spontané, sans réflexion, règle ou influence culturelle. Juste le plaisir de peindre.
Il a ainsi découvert que tous les enfants du monde commençaient par dessiner des punctili et des girouli, sorte de points-traits et de gribouillages qui deviendront des droites et des courbes, puis progressivement des figures primaires, et ensuite des images et des objets. C’est universel. Et c’est déjà aussi la toute première étape vers l’écriture, car ces gestes leur permettent de tester et éprouver les traces.

Depuis cette conférence, je ne vois plus les dessins de Pimprenelle (18 mois ici) comme avant…
Dans ses ateliers, Arno Stern accueille les enfants (et les adultes) dans un lieu clos. Chacun a sa propre toile punaisée au mur, et au milieu de la pièce : 18 couleurs et 18 pinceaux. Aucune règle, si ce n’est de respecter le matériel et de peindre sur sa feuille. L’animateur n’est là ni pour réfléchir, ni pour interpréter, ni pour diriger, ni pour interrompre, juste pour accompagner et soutenir.
L’essentiel selon Arno Stern, c’est de ne pas intellectualiser les dessins de nos enfants. Mais de les laisser faire, de les laisser exprimer leur spontanéité et leur créativité, sans les interrompre, et sans leur demander d’expliquer leur création.
Bon, tout ça, c’est bien joli, mais concrètement, chez soi, on fait comment ?
Je te rassure, même si le principe m’a beaucoup plu, je n’ai pas réussi à passer le cap de punaiser des grandes feuilles sur les murs immaculés de mon chez moi, avec 18 gros pots de gouache sur ma table basse.
Mais de temps en temps, les jours où j’ai bien dormi, je leur propose de peindre. La réponse est enthousiaste, unanime et immédiate.
Alors je le reconnais, je les équipe comme de petites cosmonautes, parce que bon, même la peinture lavable, moi, j’y crois pas. Je n’ai déjà que trop sué pour récupérer des taches dans ma (courte) vie de mère que pour ne pas tenter le diable.
Côté matos, mon duo gagnant, ce sont des pinceaux avec réservoir d’eau intégrés. La bonne idée, trouvée sur le blog Merci Qui Merci Montessori. Car qui dit réservoir intégré, dit pas de verre d’eau qu’on renverse, et dit aussi bon exercice pour muscler les petits doigts. Pour la peinture, j’ai finalement choisi une boite d’aquarelle, moins salissante et plus subtile que la gouache (selon moi, mais je te rappelle que je suis une klet intersidérale en peinture, et tellement klet que je n’oserai pas t’avouer que cette jolie boite d’aquarelle vient de chez Ikea, fournisseur légendaire d’artistes peintres).
Les règles chez moi, elles sont claires : on peint pas sur les murs, on peint pas sur la table et on peint pas sur sa soeur. Et pour le reste, je prends sur moi.
Après, si ton petit est un artiste en herbe prolixe et si tu n’as pas envie de te retrouver avec une demie-tonne de feuilles gondolées de peinture dans toutes les pièces de la maison, sans rien oser jeter à la poubelle, parce que, petit 1, cela vient de la chair de ta chair, petit 2 la chair de ta chair est certainement le nouveau Picasso, mais que petit 3. tu n’as pas vraiment autant d’espace d’exposition qu’au Guggenheim, tu peux stocker les oeuvres dans une boite, et les trier avec l’artiste en question. Fais-lui confiance, il saura bien ce qu’il veut garder et ce qu’il préfère jeter, et si en plus c’est lui qui trie, aucune chance de vexer ces grands susceptibles que sont nos enfants.
Dernière chose, et c’est peut-être le plus joli conseil de Sylvie Evrard. Si tu veux préserver la créativité de ton enfant, commence par préserver la tienne…
Et chez toi, on peint ?
A quel âge as tu commencé? Paul n’a que 16 mois cela me parait tôt non?
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16 mois… pourquoi pas ? Ici j’ai commencé par de gros crayons et des Playon, de gros pastels très ergonomiques pour les petites mains 🙂 Quant à la peinture, Pimprenelle et Mistinguette ont commencé toutes les deux très tôt à la crèche, je pense vraiment qu’il y a pas d’âge 🙂
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