OU comment ses premiers pas  marquent la fin d’un monde pour toi…

Ma Pimprenelle, cette fois c’est officiel.

Tu as fais tes premiers pas. Mieux encore, tu marches.

Il nous en aura fallu du temps, des séances de kiné où on aura bien rigolé. Des encouragements. Des bravos en choeur, où tu t’applaudissais aussi, toute surprise de tes progrès.

Cette fois donc, ça y est. 16 mois. 5 dents. Et une petite démarche encore chancelante mais déterminée.

Tu as fait tes tout premiers pas sur l’aire d’autoroute de Langres Sud. Pas très exotique. Mais pas très commun non plus. Au retour des vacances, les grands qui t’encouragent, tu t’élances, et puis Miss Papote qui hurle que ça y est, tu marches, tu as marché, tu as fait 3 pas toute seueueueueule !

Et ta lumière ma Pimprenelle, ta lumière… Ta fierté de petite fille qui sait enfin marcher. Comme tous les enfants du monde. Sauf que pour une Maman, ces premiers pas là, ils sont uniques.

Les premiers pas, d’abord, c’est très timide.

Il y a cette envie immense d’aller parcourir le grand et beau monde.

Et il y a cette peur immense aussi de quitter les appuis si solides, les jupes de Maman. L’univers tout petit mais si chaud, et qu’on connait par coeur.

Les bras tendus. Cette lumière dans le sourire. Partagé entre une si belle fierté et un si grand trac.

Tes premiers pas, c’était il y a quelques jours à peine. Maintenant, tu te promènes dans toute la maison, toute la crèche. Presque dans toute la vie déjà.

Tu explores, t’accroupis pour ramasser une feuille, un livre, une miette. Tu transportes une poupée, deux en même temps, serrées fort dans tes bras. Tu ris. Tu papotes. Tu veux avoir, toi aussi, un cartable sur le dos. Et tu pars, au bout du couloir, en disant au revoir.

Et puis tu rayonnes ma Pimprenelle, tellement heureuse de pouvoir enfin parcourir ton monde.

Parce que derrière les premiers pas, il y a ce grand pas là.

Tu quittes pour de bon les bras chauds des grands, qui t’emmenaient où ils voulaient, eux. Désormais, tu vas là où tes pas te mènent. Tu es debout. Et ce n’est pas rien.

Alors bien sûr, les bras chauds des grands, tu t’y blottiras encore souvent et pour longtemps. Mais c’est plus tout à fait la même chose.

Ma Pimprenelle, toi sur tes deux jambes, c’est soudain moi sans ma toute petite fille. Te voir vivre ta vie, c’est magnifique et bouleversant.

Car être debout sur ses deux pieds, c’est aussi dire non. C’est exprimer ton identité, ton autonomie, ta personnalité. C’est voir le monde d’un autre angle. C’est le toucher, l’effleurer, l’étreindre, le goûter, plus facilement qu’avant.

C’est aller regarder à la fenêtre les pies qui se posent dans le jardin, grignoter tes croûtes de pain abandonnées. C’est pousser un chariot où s’entassent un biberon de poupée, un Winnie en peluche, quelques livres écornés. C’est aller siphonner en stoemelings, mais avec un si joli sourire, le biberon de ta grande soeur, déjà prêt pour le soir.

C’est te cacher derrière les grands rideaux du salon, en riant aux éclats.

C’est venir, déjà presque en courant, chercher refuge dans nos bras.

C’est ne plus être un nourrisson, à quatre pattes, mais déjà une grande, une toute petite grande fille, qui peut enfin porter des robes sans trébucher dedans, un sac sur le dos, un caillou dans la main, un sourire en coin.

Tes premiers pas, ce n’est pas rien pour toi ma Pimprenelle… Mais pour moi non plus tu sais.

En fait, j’ai même un peu du mal à m’en remettre…

Pourtant c’est bien ça, non, être parent… ? Aider ses enfants à prendre leur envol… ?

Tes premiers pas, ma petite Pimprenelle, c’est déjà, un tout petit peu, l’oisillon qui sort du nid, pour aller explorer le monde juste un peu plus loin, et qui revient, la tête remplie de nouvelles images, d’une petite vie déjà bien à elle…

Et si cela me remplit de fierté, de joie et de lumière, je dois te l’avouer ma petite Pimprenelle, ma dernière, ma toute petite et adorée petite dernière, cela serre aussi très doucement, très tendrement mais très sûrement, mon grand coeur de Maman…