Quand la tribu débarque…

ou comment les week-ends ne sont pas vraiment des week-ends quand on est à la tête d’une tribu adorable mais affamée et déchaînée

Avant, dans mon ancienne vie, celle où les enfants n’étaient qu’un concept abstrait,  le week-end était ce moment délicieux et harmonieux où je paressais au lit jusqu’à une heure indécente à m’enfiler des épisodes de Desperate Housewives (oui, mon ancienne vie, c’était il y a un bail), avant de paresser dans un bain jusqu’à ce qu’il devienne froid, puis d’aller bruncher dans un endroit branché (ou pas), sur des notes de jazz en sirotant un thé au jasmin.

IMG_7742

Et puis selon le temps, j’allais me balader dans une jolie forêt, ou dans un joli quartier de Bruxelles, ou bien je me posais dans mon canap’ en me demandant ce que j’allais bien pouvoir faire du reste de mon week-end. Je sortais avec des potes sans jamais devoir regarder ma montre pour calculer le nombre d’heures de sommeil qu’il me restait avant le réveil des enfants, ni vérifier dans mon porte-feuille s’il me restait assez de sous pour payer la baby-sit, j’allais au cinéma sans m’endormir après 10 minutes de film et je m’enfilais des bières sans me soucier du lendemain de la veille.

Aujourd’hui, je suis donc une maman et belle-maman comblée, et ce genre de week-ends n’est plus qu’un lointain et très exotique souvenir. Car dans ma tribu, ils sont cinq, et le week-end, ils n’aiment rien tant que se réveiller à l’aube, être affamés du matin au soir et hurler comme des possédés en se jetant les uns sur les autres faire les foufous.

Les week-ends, quand toute la tribu est là, on oublie donc le bain aux huiles essentielles (bon en fait, quand tu es une Maman Guerrière, tu oublies un peu tout le temps le bain aux huiles essentielles), les conversations la bouche en coeur avec SuperChéri ou les repas dégustés tranquillement avec Nina Simone en fond sonore.

IMG_6092

Pour simplifier (un peu) les choses, j’ai tenté de mettre en place un planning illustré, expliqué religieusement en début du week-end. Chacun à son tour met la table et donne un coup de main en cuisine ( tâche que j’ai essayé de vendre sous la séduisante appellation « Super Cuistot »), on fait les devoirs entre les activités et on oublie pas de ranger sa chambre. Bon, ça, c’est sur papier (et dans la famille de Mary Poppins), parce que chez moi, ça se passe jamais comme ça.

mary poppins

Quand la tribu débarque, en 12 secondes chrono, une colline de cartables, chaussures et manteaux se forme à côté de la porte.

10 minutes plus tard, l’effet reposant de ma séance de yoga de la veille n’était déjà plus qu’un très lointain souvenir.

A 11H du mat’, je me retrouve à tourner dans ma casserole de sauce bolo, tout en donnant une purée de patates douces et courgettes à Pimprenelle, tout en expliquant à GrandKet la différence entre l’accusatif et le génitif, tout en vidant le sèche-linge, tout en séparant Monsieur Rêve et Miss Papote qui en sont venus aux mains pour une sombre histoire de chique bleue.

Je passe mon week-end à dire « chuuuuuuut ». Soit parce que Pimprenelle dort (donc 3 fois 1 heure par jour). Soit parce que Mistinguette dort (donc 1 fois 2 heures par jour, mais pas en même temps que Pimprenelle, sinon ce serait pas drôle). Soit parce que Monsieur Rêve, Miss Papote et GrandKet dorment (car eux, ils ont la chance de pouvoir faire la grasse mat’ le dimanche matin). Soit parce que SuperChéri vient de s’assoupir pour un quart d’heure. Oui, tu peux faire le compte, il reste dix minutes pendant lesquelles je ne dis pas « chuuuuuuut ». Et quand moi je dors, je pense que personne ne dit chuuuuuuut (ce qui explique pourquoi  je ne dors jamais longtemps).

Je flique aussi. Et j’ai horreur de ça. Intervenir dans les disputes. Tenter de calmer l’enthousiasme général (se manifestant par des concours de trampoline sur les canapés du salon et des matchs de foot au beau milieu de la salle à manger). Dans ces moments-là, bien souvent, je m’énerve, et puis je réfléchis très fort à tout ce que j’ai appris en communication non violente (« le tu tue », « reconnais tes besoins, écoute ceux des autres ») et je me dis que j’ai encore du pain sur la planche pour devenir un parent conscient tout le temps.

Je passe aussi mon week-end à ranger. Je me demande d’ailleurs s’ils n’élaborent pas des stratégies pour qu’il y ait en permanence au moins une pièce toujours en désordre. A mon avis, ils s’organisent entre eux la nuit, pour mettre au point des plans d’attaque de mise en désordre coordonnée de la maison, histoire de m’occuper en journée. En tout cas, c’est assez impressionnant comme 5 enfants, ça représente une montagne de chaussures, manteaux, jouets, essuies et bouquins, ou plutôt une chaine de montagnes qui traverse ma maison un week-end sur deux et que je m’échine, mais toujours en vain, à ranger.

IMG_7740

Je passe pas mal de temps aussi en cuisine. Oh pourtant, je te rassure, je n’ai ni le talent ni l’énergie de concocter des vrais plats qui pètent. Je te rassure aussi, je ne me contente pas de sortir des barquettes du frigo pour les mettre dans mon four. J’ai trouvé un juste milieu assez efficace. Des recettes simples, des légumes frais (mais simples), avec une vaisselle limitée et un enfant pour m’aider, le plus souvent Monsieur Rêve. Je pousse parfois même le vice à préparer un goûter pour le dimanche, crêpes ou gaufres maison, crumble aux pommes ou crème vanille. Rien de dingue, mais ça me fait autant plaisir qu’à eux.

Mais préparer à manger pour une tribu demande beaucoup de lâcher prise et d’abnégation. Ne t’attends pas à faire l’unanimité. Il y en a TOUJOURS au moins un qui n’aime pas. Ne t’attends pas non plus à  des compliments spontanés (en général, je peux pas m’empêcher de demander dix fois « c’est bonnnnnnnn???? » pour récolter quelques timides mais sincères encouragements), ne t’attends pas non plus à ce qu’ils apprécient l’heure de combat que tu viens de mener dans la cuisine.

Chaque week-end, je m’échine à leur faire avaler ces foutus 5 fruits et légumes, à leur préparer des trucs un chouïa locaux, bios et de saison, mais rien à faire, jamais je ne ferai le poids face à SuperChéri proposant à la tribu d’aller manger chez MacMachin et suscitant les vivats de la foule en délire. Jamais mon poulet en croûte de parmesan, ses haricots de saison et ses potatoes au four n’ont suscité un tel enthousiasme.

mcdo

Y a la cuisine, et y a l’intendance. Un goûter, c’est un petit kilo de yaourt, un régime de bananes, un demi paquet de sucre (dont la moitié sur le tapis du salon) et tout ce qui leur tombe sous la dent : Petit Gervais de Mistinguette, vieux bonbons du Grand Saint de l’hiver dernier, speculoos mollassons, … Quand les fauves sont rassasiés, tu retrouves ta cuisine zone sinistrée, le sol croquant de sucre, les armoires à moitié vide, le lave-vaisselle (mal) rempli et des peaux de bananes à côté de la poubelle.

Quand le samedi soir arrive (enfin), tu souffles enfin. Tu te dis que tu vas passer un chouette moment avec les grands, à papoter et rire devant la télé, tiens, justement, on rediffuse Le Gendarme de St Tropez. Et te voilà au bout de 10 minutes à ronfler la bouche ouverte, pour le plus grand bonheur des enfants qui ont champ libre pour faire la nouba toute la nuit.

le gendarme

Le dimanche, rien de plus palpitant, le soir, tu es bien plus crevée que le samedi matin, ce qui va à l’encontre du concept même du week-end.

Et puis à 17H, quand les grands s’en vont, ça te fait chaque fois un gros vide dans le ventre, et tu serres les deux petites en les rassurant : dans 2 semaines, ils seront de retour. Et tu te surprends à décompter déjà les jours…

Et toi, tes week-ends, ils ressemblent à quoi?

Une réflexion sur “Quand la tribu débarque…

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s