OU ma vie avec deux bosses (et pas où tu crois)

Sur le dos, les deux bosses, sur le dos….

Ce fut une révélation. Un jour, je me suis dit. « En fait, je suis un chameau ». Jamais, dans ma vie d’avant (avant tu sais bien quand), je n’aurais imaginé me voir un jour comme un chameau.

Pourtant, comprendre ma nature profonde m’a apaisée. Je la  revendique même aujourd’hui.

Bon déjà je ne marche pas : je cours. Je fonce. Je vole. Rien ni personne ne m’arrête dans ma course infernale des to do list à réaliser. Tel le chameau dans le désert, j’avance. Tout schuss…

Et surtout… je porte.

Et quelle joie de pouvoir porter, sans suer une goutte, deux enfants, les cartables qui vont avec, les doudous, les boites à tartines, les collations, les goûters, les courses du supermarché, en ajoutant sur le sommet un ravissant sac à main, une boite de mouchoirs et un vélo en plastique.

Qui fait ça à part nous ? Quelle espèce du règne animal/végétal/intersidéral?

Voilà, ça fait tilt chez toi aussi : les chameaux.

Comme nous, le chameau ne se déplace jamais sans porter.

Je vous en rajoute un peu? Mais avec plaisir, chargez mon bon monsieur, chargez donc.

Le repas du soir acheté en coup de vent, hop sur le dos, les affaires de sieste à laver pour demain, hop hop sur le dos, la mascotte de la classe d’1 mètre de haut (pourquoi 1 mètre ? Quelqu’un peut m’expliquer ? Car on a vu des mascottes de 15 cm de haut absolument charmantes et totalement efficaces.) hop hop hop sur le dos.

Vous en prendrez bien encore ?

Oh oui, chic, je n’osais le demander.

La trottinette parce que jeveuxplusfairedelatrottinettejeveuxmontersurlespetitsmurs, pas grave je la porte ma chérie, il me restait une petite place entre ton sac de gym et le panier de provisions remplis de bocaux en verre (oui, c’est un autre avantage du zéro déchet, tu passes d’un coup d’un seul dans la catégorie « chameau costaud »).

Mimi la poupée qui n’était pourtant sortie ce matin qu’accompagnée d’un menaçant »je te préviens, je ne PORTE pas Mimi, TU t’occupes de TA poupée », allez donne Mimi, ça va c’est bon.

Les manteaux. Ah les manteaux, on en parle des manteaux. Des j’aitrèstrèstrèsfroids de 8H10 et des jemeursdechaud de 15H50 ? Les manteaux et leurs meilleurs amis Gants (qu’on ne peut plus attacher à un élastique, comme en classe d’accueil, parce que çafaitbébé), Bonnet (toi aussi tu es nostalgique de l’époque bénie de Cagoule ?), Echarpe, qui fait la maligne car elle détient le record de la cour de récré de la plus grande concentration de microbes, feuilles mortes et autres détritus en tous genres.

Ca va, c’est pas trop lourd ?

Mais non, enfin, trop lourd? mais quelle idée… Je suis un chameau, je te le rappelle. Je suis naturellement programmée pour porter le quintuple de mon poids, tout en étant tirée simultanément vers la droite ET vers la gauche par mes deux adorables filles chéries, écartèlement que je maitrise avec élégance et bonheur, grâce à mes bras élastiques, je t’ai déjà parlé de mes bras élastiques?

Dites, mon bon monsieur, pourriez-vous me rajouter une gourde remplie à ras bord, car mes deux adorables filles chéries qui daignent à peine tremper les lèvres dans un verre d’eau quand elles sont à table sont systématiquement mortes de soif, au bord de l’agonie et au seuil de la déshydratation  une fois que nous sommes à l’extérieur. Non non, pas une bouteille en plastique, cher monsieur, vous vivez encore en 1997 ? Oui une gourde, métallique s’il vous plait, c’est encore plus lourd, c’est donc mieux.

Et le chameau trottine, grâce à ses coussinets élastiques (lui aussi a renoncé aux talons hauts).

Oh ma chérie, tu es tombée ? Attends, je vais t’aider à te relever … laisse-moi juste le temps de me décharger du quintal de sacs que je porte avec grâce et délicatesse.

Ton bobo saigne un tout petit peu ?  Mais aucun souci, car comme tout bon chameau qui se respecte, j’ai mes réserves secrètes, cachées dans mes bosses. Attends ma chérie, je reviens, je plonge dans mon sac à main. Une mini boite de crayons de couleur … non…. des mouchoirs usagés…. Non plus…. Petit Ours Brun va sur le pot. Non non … une tête de poupée barbie…. non… enfin c’est étrange, j’étais pourtant sûre d’en avoir… Ah voilàààà, voilà ma trousse, que dis-je trousse, ma malle à pharmacie.

Oui, je suis fière d’être un chameau. J’aime être un chameau. Cet animal qui s’adapte à toutes les situations, toutes les températures. Avance par tous les temps sans se plaindre (oh allez, juste un petit blatèrement par ci par là). Robuste. Fiable. Qui produit 15 litres de lait par jour pour son petit.

Le seul problème, c’est que personne n’a compris l’élégance du chameau. Son intelligente prévoyance. Son sens inné de l’anticipation. Et surtout pas SuperChéri.

Je me retrouve donc régulièrement confrontée au laconique :

«  »t’as vraiment besoin de prendre tout ça avec toi ? On va juste à la plaine de jeux au bout de la rue… »

Mais quand il faut dégainer au quart de tour une culotte taille 3 ans, un aspivenin ou une draisienne, qui est dans la place ?

Le chameau bien évidemment.

Pourtant SuperChéri, je te l’annonce. J’envisage sérieusement d’investir dans un caddy de bobonne.

Car j’en arrive à me demander si les bobonnes, elles sont finalement pas plus sexys que les chameaux…

Elles ont en tout cas certainement moins mal au dos.

 

(Cet article s’inscrit dans la thématique « Tout schuss » développé ce mois-ci par les mamans blogueuses du collectif dont je fais partie : les BelgoMums… Va faire un tour chez les copines pour découvrir leur version du tout shuss…)